Nos ancêtres… les nourrices

Le métier de nourrice est l’un des plus vieux métiers du monde…, et nous assistantes maternelles d’aujourd’hui que savons-nous de ces femmes qui faisaient commerce de leur lait et dont le nom reste, trop souvent, attaché à notre profession ?

De l’antiquité jusqu’au Moyen-âge, ce sont uniquement les femmes de haut rang qui font allaiter leurs enfants par des nourrices pour des convenances personnelles. Si Plutarque vantait l’allaitement maternel, le célèbre médecin « Soranos » préconisait de laisser ce soin à des nourrices pour que la mère ne vieillisse pas avant l’âge. Suivant ce principe, bientôt des femmes plus modestes ne pouvant acheter une nourrice, la louèrent au «Forum Lactarium» sorte de marché où les femmes qui vivaient de leur lait se tenaient près d’une colonne appelée « colonne lactaire ».

La corporation des nourrices se développa par la répugnance que l’on avait à utiliser le lait animal en raison de la croyance populaire disant que celui-ci communiquait sa bestialité à l’enfant et qu’ainsi selon le cas il aurait la stupidité de l’âne, la voracité de la vache, la timidité de la chèvre… La désaffection des mères pour l’allaitement est si importante dans l’ensemble des couches sociales qu’il n’y a presque plus que les enfants de pauvres qui soient nourris par leur mères. Au 17e siècle pourtant, les philosophes se révoltent contre cette pratique mais les médecins protestent «le lait doit corriger l’influence exercée par la mère sur son enfant pendant la grossesse. Il est donc préférable de renoncer au lait maternel dès la naissance et de prendre une nourrice». Toutefois l’idée prédominante était que le lait avait la propriété de transmettre les traits de caractère, ainsi confier son enfant à une nourrice, c’était donc l’exposer à téter les vices ou les qualités de celle-ci.

Au 18e siècle, les moralistes démontrent l’importance de l’attachement à celle qui le nourrit, en rendant les mères jalouses de leurs nourrices, peut-être espèrent-ils les ramener à plus de compassion. Ainsi, certaines mères ne pouvant allaiter préfèrent recourir à l’allaitement artificiel malgré les dangers que cela représentent plutôt que de risquer de voir leur enfant se détacher d’elle au profit d’une nourrice. Mais les femmes qui travaillent durement 12 heures par jour et qui ne peuvent dans ces conditions allaiter et s’occuper du nouveau né vont représenter la clientèle principale des nourrices de campagne, de même les femmes de commerçants ou d’artisans dont la présence est indispensable à la boutique.

La femme travaille car le ménage a besoin de son salaire pour survivre et il est finalement plus rentable de payer une nourrice au rabais.

Au 19e siècle, la croissance urbaine et le développement du travail des femmes va intensifier la mise en nourrice. Pour les familles très pauvres, la mise en nourrice se fait d’une façon détournée. Elles vont abandonner leurs enfants à l’hospice des enfants trouvés qui va les placer chez des nourrices de campagne dans des régions reculées.

On note 2 catégories de nourrices :

  • les nourrices «au loin» ou nourrices de campagne, les parents ne voyaient leurs enfants que tous les deux ou trois ans, d’où la difficulté de les retrouver et beaucoup de mortalité. Certaines de ces nourrices se voyaient confier par l’administration des enfants abandonnés appelés « champis » qu’elles élevaient jusqu’à 13 ans ;
  • les nourrices «sur lieu», jeunes mères qui venaient à la ville se louer comme nourrice dans une famille bourgeoise. En 1860, il y a 3 880 nourrices « sur lieu » à Paris.


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